
Il y a quelques mois, j’ai découvert sur Netflix Chef’s Table, une série de documentaires étonnante, qui raconte le parcours d’hommes et de femmes devenus chefs. Ils sont très différents mais ont tous un point commun : ils ou elles ont osé sortir des sentiers battus, et se sont affranchis des règles et des limites qu’on leur avait imposés.
Et j’ai envie de partager avec vous l’histoire inspirante d’Asma Khan.
La vie d’Asma a commencé comme celle de très nombreuses filles en Inde. Pour la famille, c’était un drame. Asma raconte : « En Inde, quand une fille naît, il n’y a ni fête ni feu d’artifice. C’est un sombre moment pour une famille. Et quand la malchance veut qu’on ait une autre fille, ce n’est pas comme une vie, mais presque comme une mort. Ma mère a pleuré à ma naissance. J’étais sa deuxième fille. »
En Inde, une fille est un fardeau. La dot représente non seulement un poids pour sa famille, mais aussi pour la fillette qui doit affronter le regard des autres. Pourtant née dans une famille aisée, Asma se souvient avec tristesse de ce moment douloureux de son existence : « Les gens me montraient du doigt et me dépréciaient. Je voyais cette déception dans leurs yeux. J’étais triste pour ma mère. Et je ressentais de la colère. »
Elle aurait pu se résigner ou subir la situation mais c’était sans compter sur le caractère affirmé et opiniâtre d’Asma. Elle a décidé de faire des études et est devenue la première de sa famille à devenir diplômée, décrochant un Doctorat en Droit, au Kings College de Londres. Elle s’est mariée avec un homme cultivé, qui la respectait, et s’est installée en Angleterre.
La nostalgie de l’Inde et une rencontre inattendue l’ont ramenée à ses origines, et ont éveillé en elle une irrésistible envie d’apprendre à cuisiner les plats de son pays natal. Elle a appris auprès de sa mère les traditions culinaires familiales, et a ouvert à Londres le Darjeeling Express, qui l’a rendue célèbre en tant que chef et qui a été élu l’un des 15 meilleurs restaurants de Londres en 2015.
L’équipe du Darjeeling Express est composée uniquement de femmes, toutes des amies d’Asma, des femmes qui, comme elle, ont trouvé une place dans une société qui ne leur en accordait pas, simplement parce qu’elles étaient nées filles. Elles sont aujourd’hui l’âme, la famille du restaurant dans lequel elles cuisinent avec passion.
Avec le recul, Asma mesure le chemin parcouru : « Je ne peux pas effacer ses larmes, mais je peux faire la fierté de ma mère, devenir cet être incroyable, laisser cette trace, une trace si profonde que mon statut de deuxième fille n’importera à personne ».
Aujourd’hui, la mère d’Asma est heureuse et fière de sa fille. A l’occasion de ses 49 ans, elle était à ses côtés pour organiser une fête, avec une signification particulière. Car Asma a créé une association caritative. Son objectif ? Célébrer la naissance des secondes filles. « On offre les pâtisseries… et les feux d’artifice. C’est une proclamation forte. Ça dit quelque chose. »
Asma tourne son regard vers le feu d’artifice, un sourire radieux. Elle en est convaincue, tout est possible. « Si vous pensez ne pas être désirée, ne pas être sur un pied d’égalité, vous apporterez la lumière. Vous pouvez tout faire. »
L’histoire d’Asma est un exemple éloquent de notre pouvoir de résilience et de transformation. Elle a fait de son handicap, une force, un atout. Elle a changé sa perception, et le regard des autres.
Elle a transformé la déception en célébration.
Et vous, qu’êtes-vous prêt à transformer ? Quelle contribution voulez-vous apporter ?
De quoi avez-vous besoin de vous libérer pour apporter la lumière et pouvoir tout faire ?

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